Personnage souvent contesté, Osho (1931-1990) livre dans cet ouvrage une très belle réflexion sur la pleine conscience, la vigilance, le silence, seuls moyens de sortir du sommeil dans lequel nous sommes plongés. Car il n'y a qu'une seule voie, celle de l'éveil: "le plein éveil est le vrai chemin vers la vie" (Bouddha). Un livre très accessible, qui pointe vers hishiryo, au-delà de la pensée et de la non-pensée.

Osho part d’un constat brutal : nous sommes tous endormis. Endormis tour à tour dans les bras du passé et dans ceux du futur. Mais dans présent, dans le seul endroit où l’on peut vivre éveillé, il n’y a personne, ou peu s’en faut.

Le diagnostic est clair et les causes de la maladie sont connues : notre mental nous absorbe, et il se nourrit du passé et de l’avenir. Plus encore : il nous plonge dans la dualité, à travers ses innombrables jugements qui nous séparent de la vie. En voyant une fleur épanouie, o ne pouvons en effet nous empêcher de dire ou de penser : « comme elle est belle ». Mais à travers cette phrase, nous faisons de la fleur une chose inerte, et nous ne pouvons plus être avec la fleur, avec le moment présent. Car en étant vraiment présent, profondément, sans pensée, nous devenons la fleur, l’observateur devient l’observé. Et alors nous vivons dans l’éveil.

Mais nous savons combien il est difficile de vivre dans le présent. Et pourtant, en soi, le remède est connu. Il se nomme « attention », « vigilance », « pleine conscience ». Osho parle d’un maître selon lequel il suffisait de rester pleinement concentré sur l’observation de sa respiration pendant quarante-huit minutes (pourquoi cette durée, mystère…) pour être pleinement éveillé. Toute personne qui a médité sera d’accord pour dire que nous ne sommes pas loin d’un scénario du type « mission impossible ».

Ce n’est pas une raison pour se décourager. Peu importe combien de fois nous égarons dans le labyrinthe de nos pensées : revenons au moment présent dès que nous prenons conscience de cela, et redevenons le témoin vigilant de nos sensations, de nos pensées, de nos sentiments, de nos humeurs, de nos émotions pour finalement être conscients de notre pleine conscience et devenir ainsi un être réellement éveillé, un bouddha.

Bien sûr, un pratiquant du zen connaît tout cela. Il n’empêche que le livre mérite le détour. Il vaut par sa clarté, et la fermeté de son propos : soyez vigilants à chaque instant, comme si c'était le dernier de votre vie.

Osho. Etre en pleine conscience. Une présence à la vie. Editions Jouvence, 2012. 283 p.