En 1957, Paul Reps publiait Zen Flesh, Zen Bones. A collection of Zen and Pre-Zen Writings, (Penguin, 2000, 165 p.), traduit en français en 1977 et réédité sous le titre Le zen en chair et en os par Albin Michel (1993, 206 p.) Y sont réunis différents textes : tout d’abord, « 101 histoires zen » ; puis « La porte sans porte », un des plus célèbres recueils de koans ; suivent « les dix taureaux », bref texte célébrissime du chan ; et finalement « L’atteinte du centre. 112 méditations ». Ce recueil, pré-zen, vient, lui, du shivaïsme du Cachemire. Son titre original est Vijnana-Bhaivara Tantra. Texte étonnant « qui concerne l’expérience immanente, et présente les 112 voies qui ouvrent la porte invisible de la conscience », selon Reps. Texte très riche et intéressant pour un pratiquant zen, pas toujours facile, mais dont on trouve version plus accessible, dans une traduction, de Pierre Feuga, qui introduit et comment chaque étape, sous le titre Cent douze méditations tantriques, L’Originel, 2007, 191 p.

Mais on pourra aussi se limiter aux savoureux 101 contes zen, la première partie du livre de Reps republiée dans un très joli format par Synchronique (2022, 144 p.), des histoires d’expériences réelles (le choix par l’éditeur du mot « contes » est donc trompeur) de maîtres zen chinois et japonais qui s’étendent sur plus de cinq siècles. Des histoires – pour certaines bien connues – tour à tour profondes, déconcertantes, émouvantes, « illuminantes », mais nourrissant toutes la compréhension de la pratique. Un petit livre à savourer au hasard en picorant ici et là, au gré du hasard et de l’envie.

A titre d’exemple, voici la 52, intitulée « Ta lumière peut s’éteindre ».

Un étudiant en Tendai, l’un des courants du bouddhisme, se rendit un jour chez le maître Zen Gasan pour devenir son élève.

Lorsqu’il quitta Gasan, quelques années plus tard, ce dernier lui dit : « Etudier la vérité de manière spéculative peut servir à rassembler du matériel pour prêcher. Mais souviens-toi bien qu’à moins de méditer constamment, la lumière de la vérité peut s’éteindre.